Deux ans plus tard, je suis retournée à Dschang pour vivre chez mes parents.
À ce moment-là, mes cheveux mesuraient entre 12 et 15 cm, et les tresses devenaient de plus en plus complexes en raison de ma texture capillaire dite « ultra crépu, 4c » et de mon volume capillaire.
Face à ces difficultés, ma mère m’a suggéré de défriser mes cheveux, à quoi j’ai répondu par la négative.
Cependant, elle persistait en avançant des arguments tels que mes cheveux étaient laids, rêches et difficiles à coiffer.
En somme, elle en avait assez de mes cheveux, qui avaient même cassé ses peignes.
Avec le recul et de l’empathie, je comprends désormais que ma mère ne voulait plus me voir souffrir et était prête à tout pour éviter que je vive ces moments de douleur intense.
À l’âge de 15 ans, influencée par ces arguments répétés, j’ai finalement cédé. Ma mère m’a envoyée dans un salon de coiffure pour subir un défrisage.
Tout au long de l’application du produit défrisant, une boule d’inquiétude et d’anticipation grandissait en moi.
Je désirais ardemment voir le résultat tout en ressentant les picotements sur mon cuir chevelu.
À la fin du défrisage, l’émerveillement était partagé par tous, moi y compris.
J’expérimentais quelque chose de nouveau, et ma longueur capillaire avait presque doublé en raison de la perte de mes boucles naturelles.
C’est ainsi que j’ai rejoint la communauté de ceux qui se sentent obligés de défriser leurs cheveux pour qu’ils soient considérés comme « présentables ».
À chaque défrisage, des croûtes apparaissaient à cause des brûlures, transformant l’expérience en calvaire. Le paradoxe était que mes cheveux devenaient encore plus secs qu’auparavant.
La brillance immédiate après le défrisage se révélait être une illusion. Le défrisage n’était en aucun cas la solution ; au contraire, il aggravait les problèmes.
Avec le temps, cette souffrance devint une normalité acceptée. « Pour être belle, il faut souffrir », disait-on.
Mes cheveux défrisés pour la nième fois
D’autres personnes, outre ma mère, m’avaient aussi persuadée de défriser mes cheveux, soutenant que c’était la meilleure décision pour sublimer ma chevelure.
J’ai fini par assimiler cette idée, cédant aux arguments de ma mère et de la société (amis, tantes, camarades de classe, etc.) qui véhiculent l’idée que le cheveu afro est peu attrayant et nécessite d’être défrisé.
J’en étais venue à considérer mes cheveux crépus comme laids.
Dès l’apparition de mes racines naturelles, j’étais impatiente de les défriser, même si cela signifiait revivre la même torture.
C’était devenu le standard de beauté, et je me sentais obligée de m’y conformer
